23 mai 2011
Contrebande, de Enrique Serpa
Nous voici à Cuba dans les années 20 et dans le milieu des pêcheurs. La vie est dure, le contraste écrasant entre les très riches qui possèdent tout, ces Ricains de touristes incompréhensibles ("Tu parles qu'ils gaspillent le fric. Moi j'en ai eu un qui me payait pour que je l'emène pêcher le requin, comme ça, pour rien. Il ne prenait même pas les ailerons. Si ça avait été un Chinois, il les aurait gardés pour les manger... En fait, je crois qu'il était à moitié dingue. Quand on en attrapait un grand, il le photographiait ! Ils ont de ces idées ! Tu te rends compte, prendre des requins en photo !") et les pêcheurs eux-mêmes dont le métier n'arrive même pas à leur faire nourrir et vêtir femme et enfants...
Le narrateur, dont nous ne connaissons pas le nom mais qui se fait appeler ironiquement l'Amiral, est propriétaire de 3 goélettes, dont La Buena Ventura, et ne semble pas bien courageux. Mais à lui non plus, la pêche au mérou ne permet pas de vivre comme il le souhaiterait, pour pouvoir profiter de la vie nocturne de la Havane, de l'alcool, des femmes... Sur les conseils expérimentés de Requin le capitaire de La Buena Ventura qu'il connait bien, il songe petit à petit à changer de projets, et décide plus ou moins d'essayer de lui faire confiance, et de profiter de la Prohibition étasunienne pour s'embarquer dans la Contrebande de rhum cubain.
Il n'y connait rien, a très peur, mais l'appât du gain l'entraîne presque malgré lui, et nous le suivons avec délice dans ses préparatifs hésitants, vivant avec lui ses frousses et ses doutes. Le roman avait commencé "tranquillement" en nous plongeant dans un univers et une ambiance, et au fur et à mesure des pages, emportés par cette belle langue, par des personnages bien plantés et de riches anecdotes, l'histoire et l'intrigue s'accentuent, et nous voilà à douter et espérer autant que lui que cette drôle d'équipée arrivera à ses fins...
Contrebande, de Enrique Serpa (1900-1968), publié en 1938 à La Havane, est édité pour la première fois en France chez Zulma en 2009, traduit par Claude Fell, et est agréablement préfacé par Eduardo Manet, ce qui me donne envie de relire cet auteur passionnant lui-aussi !
Continuará ! (à suivre!)
PS : Et merci à la Ville de Paris, qui m'a prêté ce bouquin de bibliothèque !
10:10 Publié dans Cuba, Littérature | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Un sujer=t particulier mais très intéressant, sur une époque dont on parle moins...
Écrit par : Sabbio | 23 mai 2011
Encore un que je note, faudra refaire un mois cubain l'année prochaine :-)
Écrit par : Cryssilda | 27 mai 2011
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