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17 mai 2011

Fresa y Chocolate, de Senel Paz

David, jeune communiste révolutionnaire conforme à la société cubaine des années 80, rencontre au Coppelia "La cathédrale de la glace" Diego, homosexuel qui vit en littérature et veille à ne pas faire de vagues dans cette société dans laquelle il n'est pas le bienvenu. David a pris une virile glace au chocolat, alors que Diego a choisi fraise et sa couleur rose. Ces deux-là n'ont rien en commun, et pourtant l'horizon culturel que Diego semble ouvrir à David fait que celui-ci revient le voir, et accepte même de le suivre chez lui pour voir ces livres interdits qui se passent sous le manteau...

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Fresa y chocolate (titre original : El lobo, el bosque y el hombre nuevo // le loup, la forêt et l'homme nouveau), est une nouvelle d'une cinquantaine de pages qui met en scène cette rencontre improbable entre deux jeunes totalement opposés et qui, malgré toutes les réticences, se rencontrent réellement. Diego l'esthète fait découvrir à David toute cette richesse culturelle passée sous silence par le gouvernement. Diego le bavard nous évoque d'une part sa situation personnelle face à cette société rigide, étriquée et ne laissant place qu'à ce qui est défini comme conforme aux idées de l'Etat cubain, ainsi que ses passages dans les camps de l'UMAP (Unité Militaire d'Aide à la Production, dans lesquelles on enfermait les 'déviants'). D'autre part, il nous évoque tous ces grands esprits qui font la Culture cubaine, la poésie de Dulce Maria Loynaz, la danse de Alicia Alonso, la musique de Celina Gonzalez ou de Celia Cruz, et puis Cabrera Infante, le péruvien Vargas Llosa, Alejo Carpentier, José Marti bien sûr, Reinaldo Arenas en filigrane et surtout, surtout celui qu'il appelle Le Maître : José Lezama Lima. Cet auteur du chef d'oeuvre Paradiso (en lecture commune pendant le mois cubain je rappelle!) qui est présent tout à long du récit et en honneur duquel Diego va jusqu'à recréer pour David un déjeuner fabuleux raconté dans le chapitre VII de Paradiso : un déjeuner lézamien. C'est dire la légende!

Quoi qu'il en soit, ce livre est une plongée au coeur de la Cuba des années 70 et sûrement plus largement (car cela résonne encore dans les années 80, 90, 2000...), qui nous fait appréhender une situation tendue mais nous fait également approcher toute la richesse d'une Culture forte, et qui nous montre que les extrêmes, par cette culture, peuvent se rencontrer... Ce livre nous pousse nous-même à creuser toutes ces références évoquées par Diego, cet amoureux de la culture de son pays.

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Une petite parenthèse pour aller au-delà du livre. Le livre a été adapté au cinéma en 1993 par Tomás Gutiérrez Alea et Juan Carlos Tabío (Senel Paz en a écrit lui-même le scénario) et a eu un gros succès à La Havanne. Il avait été joué de nombreuses fois au théâtre à Cuba également. On dit que ce livre est l'oeuvre la plus photocopiée à Cuba car il n'en avait été édité que 1.000 exemplaires. Pour aller plus loin, voici un petit lien d'une étude sur le film : http://nuevomundo.revues.org/59613

Une lecture que je conseille vivement !

le mois cubain

Commentaires

Vivement qu'il arrive jusque chez moi alors :-)

Écrit par : Cryssilda | 17 mai 2011

Il devrait, il devrait, il est déjà en circulation! :)

Écrit par : Lamalie | 17 mai 2011

Encore un billet que je dois lire en diagonale! ;)) J'avais entendu parler du film à l'époque mais je n'ai encore jamais pu le voir. Je pense le voir dès que j'aurai fini la lecture et faire un double billet!

Écrit par : Sabbio | 17 mai 2011

oh! oui, fraise et chocolat de senel paz, un vrai régal. mais tu as omis de mentionner le côté "hors la loi" de la rencontre entre diego et david, leur homosexualité tellement réprimée à cuba.

un très beau livre ainsi qu'un joli film plein de tendresse !!

merci pour ta belle chronique lamalie


irene

Écrit par : irene | 18 mai 2011

Oui, effectivement Irene, je me rends compte que je n'ai pas dit si clairement que Diego comme David prennent chacun un gros risque en se voyant et en partageant cette amitié...

Écrit par : Lamalie | 19 mai 2011

et tes dernières publications sur facebook, concernant "la liberté" confirment ce risqqe, tu ne crois pas ?

Écrit par : irene | 20 mai 2011

Si on m'avait dit qu'on pouvait être communiste et homosexuel à la fois!?
Blague à part, l'ambiance du film était envoûtante. Mea culpa je n'ai pas lu le livre.
Patricia

Écrit par : thé en vrac | 28 septembre 2011

Les commentaires sont fermés.