18 juin 2006
Comment Philippe Claudel s'amuse
Je suis trop contente parce que samedi après-midi, au beau milieu d'une balade infinie dans la capitale, j'ai déniché (on m'a déniché d'ailleurs) un livre de Philippe Claudel que je ne connaissais pas, qui est un petit texte hors-commerce, et qui plus est, se trouve être un texte autour d'un voyage à Cuba!! Philippe Claudel n'est pas un auteur cubain, mais je m'autorise à étendre ma folie "Littérature cubaine" (qui me tient tjrs) à des auteurs qui parlent de Cuba. Surtout quand il s'agit d'un auteur dont j'apprécie tant l'écriture. Je ne mentionnerai jamais assez son magnifique et si touchant "Barrio Flores".
Je ne suis qu'au début de ses "Carnets cubains". Le passage que je vais vous faire partager ne parle pourtant pas de Cuba, mais d'écriture et d'écrivains, et le trip qu'il se fait là m'a bien amusée!
"Le drame pour un bon écrivain est sans doute de ne survivre dans les siècles qu'associé au nom d'un cocktail, à la pratique de la pêche en mer, à une marque de fusil sur soi-même mise à l'épreuve, à l'ampleur des trophées de chasse cloués sur les murs de la salle venteuse d'une finca de rêve, dans la piscine de laquelle la légende dit qu'Ava Gardner se baigna nue. Mais après tout, Hemingway, dont plus personne ne lit les livres hormis peut-être son conte pour enfants, méritait-il autre chose ? Etait-il vraiment un bon écrivain ? On a le destin posthume que l'on peut. Somerset Maugham surnage un peu grâce au Singapore sling - j'ai beaucoup lu Somerset à vingt ans, et beaucoup bu son sling à trente, accoudé au bar du Raffles de Singapour en jetant par terre les écorces de cacahuètes, comme il se doit. On évoquera peut-être plus tard le nom de Régine Desforges parce qu'elle fumait ostensiblement des Cohibas, mais on aura oublié ses écrits. Jean d'Ormesson est connu pour sa cravate tricotée, Matzneff pour sa pédophilie, Amélie Nothomb pour ses chapeaux, Modiano pour sa timidité, Angot pour son inceste de trois mois, Sollers pour son fume-cigarette, Annie Ernaux pour sa grâce à tailler des pipes, Pennac pour sa myopie, Noëlle Châtelet pour son frère, Nourrissier pour la maladie de Parkinson.
Ecrire n'amène à rien. Ce ne sont pas les livres que l'on retient."
Je ne suis qu'au début de ses "Carnets cubains". Le passage que je vais vous faire partager ne parle pourtant pas de Cuba, mais d'écriture et d'écrivains, et le trip qu'il se fait là m'a bien amusée!
"Le drame pour un bon écrivain est sans doute de ne survivre dans les siècles qu'associé au nom d'un cocktail, à la pratique de la pêche en mer, à une marque de fusil sur soi-même mise à l'épreuve, à l'ampleur des trophées de chasse cloués sur les murs de la salle venteuse d'une finca de rêve, dans la piscine de laquelle la légende dit qu'Ava Gardner se baigna nue. Mais après tout, Hemingway, dont plus personne ne lit les livres hormis peut-être son conte pour enfants, méritait-il autre chose ? Etait-il vraiment un bon écrivain ? On a le destin posthume que l'on peut. Somerset Maugham surnage un peu grâce au Singapore sling - j'ai beaucoup lu Somerset à vingt ans, et beaucoup bu son sling à trente, accoudé au bar du Raffles de Singapour en jetant par terre les écorces de cacahuètes, comme il se doit. On évoquera peut-être plus tard le nom de Régine Desforges parce qu'elle fumait ostensiblement des Cohibas, mais on aura oublié ses écrits. Jean d'Ormesson est connu pour sa cravate tricotée, Matzneff pour sa pédophilie, Amélie Nothomb pour ses chapeaux, Modiano pour sa timidité, Angot pour son inceste de trois mois, Sollers pour son fume-cigarette, Annie Ernaux pour sa grâce à tailler des pipes, Pennac pour sa myopie, Noëlle Châtelet pour son frère, Nourrissier pour la maladie de Parkinson.
Ecrire n'amène à rien. Ce ne sont pas les livres que l'on retient."
21:45 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
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